Jacques Oudin

souvenir d'un résistant deporté

Récit de Monsieur Bourbonnais

Rédigé par Véronique - -

Le 21 juin 2015, nous avons pu rencontrer un compagnon de résistance de notre oncle Jacques : découvrez l’extraordinaire concours de circonstances qui nous a permis,  70 ans après sa mort, d’en savoir plus sur sa vie clandestine de résistant!

A l’occasion des 70 ans de la mort de Jacques, nous avons publié une annonce commémorative dans le Monde et dans le Figaro. Pas d’attente particulière dans ce geste, une bouteille à la mer inconsciente peut-être : on y avait fait figurer notre adresse mail Cousinade Oudin...

Le Figaro m’appelle un matin me signalant un courrier reçu au siège du journal à propos de l’annonce. J’accepte bien évidemment de le recevoir, imaginant le profil d’un expéditeur peu familier à l’usage du mail… donc peut-être âgé… et donc peut-être une révélation !?…

Un certain Monsieur Bourbonnais, en effet, nous apprend d’une écriture un peu tremblée, qu’il a servi sous les ordres de notre oncle ! Quelle émotion. Après plusieurs échanges et l’aide de sa fille, nous allons le rencontrer chez lui à Meaux.

« Jacques OUDIN, qu’on appelait Jean Jacques, était alors étudiant en pharmacie. Ce garçon fin et distingué, toujours soigné, portant des gants, avait un extraordinaire sens de l’honneur, un courage à toute épreuve, il le montrera» : cette description est extraite des écrits de M. Bourbonnais, au chapitre concernant la période de résistance.

C’était incroyablement émouvant de l’entendre parler en direct de la vie clandestine de Jacques. Il nous a expliqué tous les objets de leur résistance (journaux clandestins, faux-papiers...), toutes les pratiques de rencontres, de dissimulation, les codes et attitudes à tenir dans les diverses situations.

Il nous a raconté la fin de ses contacts avec Jacques : « Nous avions une règle en cas d’absence à un RV : on retentait le lendemain à la même heure, mais si à nouveau l’agent ne s’y trouvait pas, alors on devait renoncer à le rencontrer et à le retrouver, c’était signe d’un grave imprévu. Début février 1944, j’avais rendez-vous avec Jean-Jacques dans l’église Saint-Eustache. En vain. J’y suis donc retourné comme convenu le lendemain à la même heure. A nouveau personne, et là j’ai compris : Il avait dû être arrêté et je ne le revis jamais.. »

Nous avons montré le film de notre oncle à M. Bourbonnais. Il renchérit : « Vous dites qu’il n’a donné aucun nom, je peux vous le confirmer : j’étais son collaborateur le plus proche dans le réseau Défense de la France et pourtant JAMAIS je n’ai été inquiété par la Gestapo… Si je suis encore là aujourd’hui, c’est bien grâce à son silence » nous a-t-il confié, les larmes aux yeux.

En mai 2018, M. Bourbonnais s’est éteint, âgé de 93 ans. Paix à son âme.

Véronique-Charlotte WENISCH-MARION

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